Usbek & Rica est un magazine trimestriel français centré sur le futur des développements et des imaginaires technologiques. Dans cette interview, le journaliste Vincent Edin donne la parole à Jessikka Aro, journaliste finlandaise de Yle -télévision publique du pays-, spécialisée dans la propagande et les manipulations politiques et ayant révélé en 2014 l’existence d’une “ usine à trolls ” à Saint-Pétersbourg, où seraient produit des fake news diffusées dans le monde entier via Facebook. Elle explique comment après avoir étudié et travaillé en Russie, elle a décidé d’enquêter sur l’influence politique russe à l’international, en menant à Saint-Pétersbourg une enquête de terrain, en planque devant un bâtiment d’une “ entreprise de publicité ” recrutant ingénieurs, data-scientist, designers graphiques ou rédacteurs pour produire 24 heures sur 24 du contenu en russe et en anglais. En recoupant les activités suspectes du lieu et de nombreux témoignages d’internautes lambda, de journalistes ou de modérateurs de médias visés par des attaques sur Internet, elle comprend que le bâtiment héberge en réalité une usine de propagande moderne. Depuis sous protection permanente de son employeur et de la police finlandaise, elle raconte son travail d’enquête sur les méthodes employées par ce groupe, qui mêle vraies et fausses nouvelles pour produire et diffuser divers contenus politiques sur Internet.

Envoyé spécial est une émission audiovisuelle française diffusée chaque semaine sur France 2, faisant appel à différents journalistes, reporters ou auteurs pour réaliser des documentaires d’investigation traitant de sujets d’actualité et tentant de révéler et décrypter des mécanismes sociétaux méconnus. Dans cet épisode, les deux co-auteurs s’intéressent à l’affaire Cambridge Analytica, en commençant par évoquer le modèle économique de Facebook basé sur l’exploitation commerciale des données de ses utilisateurs. Le documentaire revient ensuite sur les grandes étapes de l’affaire : révélation du scandale, audition de Christopher Wylie devant le parlement anglais, puis de Mark Zuckerberg devant le congrès américain... Le documentaire analyse en détail les méthodes de Cambridge Analytica pour récupérer les données personnelles de millions d’utilisateurs, mettre en place le profilage de chaque utilisateur et diffuser stratégiquement ses messages politiques, notamment à travers le témoignage de David Carroll, professeur associé à la Parsons School of Design de New York qui a pu récupérer les données que l’entreprise avait recueillies sur lui et l’interprétation qui en a été faite. Les auteurs tentent d’estimer l’ampleur de l’impact qu’a pu avoir Cambridge Analytica dans l’élection de Donald Trump en 2016, et plus généralement l’influence de ce genre de pratiques dans les votes de ces dernières années.

“ The New York Times ” est l’un des plus prestigieux journaux américains, traitant de tous les sujets d’actualité avec une ligne éditoriale modéré, politiquement favorable au parti démocrate américain. Dans cet article, l’un de ceux ayant révélé l’affaire Cambridge Analytica au grand public, la journaliste britannique Carole Cadwalladr, premier contact médiatique de Christopher Wylie, s’associe à un journaliste et à un correspondant politique américains pour décrire avec une très grande précision le déroulé des événements. Leur enquête revient sur les origines de la fondation de Cambridge Analytica et sur les liens de l’entreprise avec le parti républicain américain et avec les équipes de campagne de Donald Trump, notamment à travers Robert Mercer, riche investisseur républicain. Les journalistes décrivent aussi les méthodes de Cambridge Analytica pour récupérer les données Facebook nécessaire à l'établissement de sa base de données, via des banques et des assurances, mais surtout via Aleksandr Kogan, chercheur associé à l’université de Cambridge et auteur du questionnaire sur Facebook. Les journalistes racontent ensuite le travail de conseil et de communication politique que l’entreprise a réalisé, à la fois pour convaincre des votants indécis via Facebook et pour conseiller le candidat républicain sur les états américains dans lesquels il devait concentrer ses déplacements et meetings. La dernière partie de l’article revient sur les réactions de Facebook, quelques jours après la divulgation de l’affaire, et sur l’évolution des activités de Cambridge Analytica pour le marché de la publicité depuis les élections (l’entreprise n’ayant fermé qu’en Mai 2018).