Pourquoi une systémathèque ?
Ces systèmes ont commencé à influencer nos pratiques, nos comportements et donc notre société, et ils continueront à se développer plus encore dans les années à venir. Alors que la grande majorité d’entre nous sera amenée à utiliser certains de ces systèmes, comment pouvons nous nous assurer que leurs développements soient bénéfiques au futur de notre société, tout en conciliant les intérêts des différents acteurs de ces systèmes (créateur, concepteur, investisseur, utilisateur, régulateur, législateur, critique…) ? Afin de répondre, il me semble nécessaire d’étudier la complexité de ces systèmes algorithmiques, en s'inspirant de l’approche interdisciplinaire des sciences de la complexité pour tenter d’expliquer l’organisation, les comportements mais aussi les usages de ces systèmes, en mêlant notamment des questions d’économie, de sociologie, de design et de sciences fondamentales et appliquées.
Ce site a donc pour objectif d’étudier différents systèmes technologiques complexes, en cherchant à déterminer dans quelles limites ceux-ci nous aident à “ contrôler ” la complexification de notre société en l’ordonnant et en créant des usages simplifiés, et au-delà de quelles limites, au contraire, ils créent de la complexité inutile voire nuisible, ne se plaçant plus au service de leurs utilisateurs mais seulement au service d’un supposé “ progrès technique ”.
La systémathèque est donc un recueil d’études de cas, chacune centrée sur un système technologique complexe et ayant pour but de décortiquer ses usages et ses impacts, afin de dresser un bilan contrasté des façons dont celui-ci peut transformer le futur de notre société.
Au fil des articles, je m’intéresserai aux enjeux de différents systèmes contemporains ; les intelligences artificielles utilisées dans le recrutement et la régulation de leur programmation et de leur intégration dans notre environnement ; la blockchain et les cryptomonnaies ainsi que leur impact sur notre modèle économique actuel et notamment sur nos échanges d’argent, de bien et d’informations ; les systèmes d’automatisation en entreprise et leurs effets sur notre conception du travail et sur l’organisation technique, économique et sociale des entreprises ; les médias sociaux et la façon dont leur utilisation à des fins électorales ou idéologiques redéfinit les relations entre fournisseurs et usagers de ces plateformes ; les systèmes d’assistance personnels et les conséquences de leurs méthodes de conception sur la manière dont ils sont utilisés et perçus par les utilisateurs… Une première série comprend ces 5 études, et pourrait par la suite être étendue à de nombreux autres cas selon la même approche.
Ni technophobe, ni technophile, ces études ont pour ambition d’appréhender les systèmes technologiques complexes avec tout le regard critique qu’ils exigent, en essayant d’analyser chacun d’eux au cas par cas et en questionnant les avis les plus répandus les concernant. Au fil des articles, j'essaie de porter une réflexion sur le rôle des designers dans les évolutions futures des systèmes étudiés, pour notamment questionner, lorsque cela est pertinent, les méthodes de conception de ces systèmes, les intérêts que sert leur développement, et l’impact de leur usage sur notre société.