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Ce site n'est malheureusement pas adapté à une exploration en format portrait, mais vous pouvez passer en format paysage !
Avant-propos
Bienvenue dans la systémathèque !


Je vous propose ici de découvrir les origines de mes réflexions autour de la complexité technologique et les constats sur lesquels s’appuient les différentes études qu’héberge ce site.


Vous ne trouvez pas qu’on vit dans un monde complexe ?
Cette formule est aujourd’hui devenue un lieu commun. Pourtant, elle me semble de plus en plus juste. Penseurs, philosophes et scientifiques ont parlé dès la deuxième moitié du 20ème siècle de la “ complexification ” de notre monde, observant de nouveaux phénomènes économiques, scientifiques, géopolitiques ou sociaux que nous ne comprenions pas ou que nous ne pouvions pas expliquer simplement. Le développement de la vulgarisation scientifique sur Internet, dans la presse ou au travers de conférences, témoigne d’une volonté des créateurs de contenu de rendre accessible au grand public ces nombreuses connaissances nouvelles, aussi bien dans le domaine des sciences fondamentales (physique, mathématiques, biologie…) que sociales (sociologie, anthropologie, psychologie…). Et les audiences de ces contenus révèlent l'intérêt de nombreux internautes pour cette démarche.

L’idée de complexification de notre société n’est pas nouvelle, mais elle est selon moi étroitement liée à celle de “ progrès ”, qu’il soit de nature économique, sociale ou technique. Mes recherches m’ont conforté dans l’idée que ce phénomène s’est fortement accéléré depuis la fin du 20ème siècle, du fait du développement technologique sans précédent qui a largement impacté notre société moderne et qui sera examiné plus en détail à travers les études présentées sur ce site.
Quel rôle jouent les nouvelles technologies dans la complexification du monde ?
Dans la deuxième moitié du 20ème siècle, le développement des sciences informatiques a permis celui de l'algorithmique. Cette discipline s’intéresse comme son nom l’indique aux algorithmes, qui sont des suites finies d’opérations ou d'instructions programmées sur ordinateur, permettant de résoudre un problème ou d'obtenir un résultat précis. L’algorithmique a mené aux développement des nouveaux “ outils ” techniques que nous utilisons aujourd’hui, en particulier les technologies de l’information et de la communication (audiovisuel, Internet, télécommunications...). Ces outils se sont eux même spécifiés et développés, et ont contribué à complexifier notre monde à travers trois phénomènes que j’ai identifié comme principaux.
Le développement de la mondialisation accéléré par les nouvelles technologies de l’information et de la communication
En facilitant et en accélérant grandement les possibilités de communication et d'échanges à travers le monde, les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont permis l’essor de la mondialisation, c’est à dire l’ouverture des économies nationales sur un marché mondial. Que ce soit à travers votre travail, vos voyages, votre alimentation, les films que vous regardez ou la musique que vous écoutez, vous êtes bien plus influencés par la culture d’autres pays que ne l’étaient vos grands-parents. La connexion et l’interdépendance de plus en plus forte des sociétés entre elles a entraîné une spécialisation extrême du travail et des industries, amenant par exemple aujourd’hui un avion de ligne à faire intervenir des dizaines de pays dans sa production : conception, extraction et transformation des matières premières, manufacture et transport des composants, assemblage des pièces, programmation des systèmes embarqués, vente et exploitation… Cette mondialisation et le modèle capitaliste qui s’est imposé dans une bonne partie du monde, lui aussi facilité par ces nouvelles technologies, ont rendu notre monde multipolaire et donc au final plus complexe.
La compréhension de notre environnement remise en question par le développement des sciences
Les sciences fondamentales et sociales se sont énormément développées depuis la fin du 20ème siècle grâce à un partage et une diffusion des connaissances facilités par Internet. Aidés dans leurs recherches par de nouveaux outils algorithmiques de modélisation, de simulation et de traitement des données, les scientifiques se sont spécialisés et les disciplines se sont interconnectées de plus en plus entre elles. Les sciences de la complexité cherchent ainsi, à la croisée des disciplines, à déterminer des propriétés expliquant l’auto-organisation et les “ comportements émergents ” des “ systèmes complexes ”, composés d’éléments entretenant entre eux des interactions nombreuses, diversifiées et difficiles à saisir, qu’ils s’agissent de systèmes naturels (réseau neuronal, colonie de fourmis, structure moléculaire, société humaine...), ou artificiels (bourse, entreprise, web...). Les savants pratiquant à la fois la physique, les arts et la philosophie ont laissé place à des experts spécialisés, depuis que maîtriser réellement n’importe quelle spécialité d’une discipline scientifique nécessite de longues années d’études et une actualisation permanente de ses connaissances. Plus nous faisons de découvertes sur le fonctionnement de notre environnement et plus nous percevons l’étendue des phénomènes dont la complexité nous échappe encore.
La mise en évidence de nos limitations cognitives
De nombreux chercheurs en psychologie et en sociologie ont étudié la façon dont nous faisons face à la complexité de notre environnement, mettant en évidence nos limitations cognitives en terme de perception, de raisonnement, d’attention ou encore de mémoire. Alors que certains phénomènes complexes ne peuvent par nature pas être simplifiés, nous sommes contraints d’accepter l’inconfort que provoque leur étude, nous rendant victimes de nombreux biais cognitifs quand notre cerveau se met à raisonner de manière erronée pour s’adapter à cette incertitude. En faisant appel à de nouvelles logiques mentales et en nous confrontant à des volumes grandissants d’informations et de sollicitations, les technologies algorithmiques ont eu tendance à renforcer les effets de nos limitations cognitives, voire à en créer de nouvelles. Certains neuroscientifiques dénoncent par exemple l’impact néfaste des smartphones et tablettes sur l’attention et la mémoire des générations qui ont grandies avec ces technologies. Si la complexité d’un système est une notion subjective, relative à la façon dont notre cerveau en fait l’analyse, notre incapacité à appréhender et comprendre correctement les nouvelles recherches ou découvertes sur notre environnement ont rendu plus incertaine notre perception d’un monde dont la complexité nous dépasse.
Les systèmes technologiques complexes sont-ils la réponse pour faire face à un monde complexe ?
L’algorithmique s’est elle-même complexifiée au fur et à mesure de son développement, pour donner depuis quelques années naissance à des systèmes technologiques complexes, composés de nombreux sous-éléments électroniques ou algorithmiques, inter-connectés entre eux et interagissant simultanément avec d’autres systèmes externes. Qu’il s’agisse de l’économie, des transports, des loisirs, du monde médical, des médias ou encore de la politique, de nombreux domaines utilisent aujourd’hui de tels outils pour faire face à la complexification de notre société; complexité que ces systèmes ont paradoxalement contribué à créer et à entretenir, voire à renforcer. Ces systèmes technologiques complexes peuvent selon moi être décomposés en deux grandes sous-catégories.
D’une part des services, applications ou plateformes dématérialisés, s’incarnant dans des interfaces numériques souvent visuelles ou vocales et reposant sur des algorithmes complexes capables d’analyser et de traiter un grand nombre de données. Par exemple, les systèmes d’intelligence artificielle utilisés pour le recrutement en entreprise sont capables, après entrainement, d’examiner et de classer les profils des candidats selon différents critères.
D’autre part des objets matériels souvent dits “ connectés ”, embarquant divers composants électroniques et des algorithmes complexes, permettant à l’objet de capter différentes variables de son environnement, de les analyser et de déclencher une réaction. Par exemple, les systèmes d’assistance utilisés dans l’habitat sont capables “ d’écouter ” et de répondre à différentes requêtes de leurs utilisateurs, mais aussi de contrôler divers objets eux-mêmes équipés de capteurs : ampoules, télévision, machine à café, caméras ou encore thermostat.
Pourquoi une systémathèque ?
Ces systèmes ont commencé à influencer nos pratiques, nos comportements et donc notre société, et ils continueront à se développer plus encore dans les années à venir. Alors que la grande majorité d’entre nous sera amenée à utiliser certains de ces systèmes, comment pouvons nous nous assurer que leurs développements soient bénéfiques au futur de notre société, tout en conciliant les intérêts des différents acteurs de ces systèmes (créateur, concepteur, investisseur, utilisateur, régulateur, législateur, critique…) ? Afin de répondre, il me semble nécessaire d’étudier la complexité de ces systèmes algorithmiques, en s'inspirant de l’approche interdisciplinaire des sciences de la complexité pour tenter d’expliquer l’organisation, les comportements mais aussi les usages de ces systèmes, en mêlant notamment des questions d’économie, de sociologie, de design et de sciences fondamentales et appliquées.

Ce site a donc pour objectif d’étudier différents systèmes technologiques complexes, en cherchant à déterminer dans quelles limites ceux-ci nous aident à “ contrôler ” la complexification de notre société en l’ordonnant et en créant des usages simplifiés, et au-delà de quelles limites, au contraire, ils créent de la complexité inutile voire nuisible, ne se plaçant plus au service de leurs utilisateurs mais seulement au service d’un supposé “ progrès technique ”.

La systémathèque est donc un recueil d’études de cas, chacune centrée sur un système technologique complexe et ayant pour but de décortiquer ses usages et ses impacts, afin de dresser un bilan contrasté des façons dont celui-ci peut transformer le futur de notre société.

Au fil des articles, je m’intéresserai aux enjeux de différents systèmes contemporains ; les intelligences artificielles utilisées dans le recrutement et la régulation de leur programmation et de leur intégration dans notre environnement ; la blockchain et les cryptomonnaies ainsi que leur impact sur notre modèle économique actuel et notamment sur nos échanges d’argent, de bien et d’informations ; les systèmes d’automatisation en entreprise et leurs effets sur notre conception du travail et sur l’organisation technique, économique et sociale des entreprises ; les médias sociaux et la façon dont leur utilisation à des fins électorales ou idéologiques redéfinit les relations entre fournisseurs et usagers de ces plateformes ; les systèmes d’assistance personnels et les conséquences de leurs méthodes de conception sur la manière dont ils sont utilisés et perçus par les utilisateurs… Une première série comprend ces 5 études, et pourrait par la suite être étendue à de nombreux autres cas selon la même approche.

Ni technophobe, ni technophile, ces études ont pour ambition d’appréhender les systèmes technologiques complexes avec tout le regard critique qu’ils exigent, en essayant d’analyser chacun d’eux au cas par cas et en questionnant les avis les plus répandus les concernant. Au fil des articles, j'essaie de porter une réflexion sur le rôle des designers dans les évolutions futures des systèmes étudiés, pour notamment questionner, lorsque cela est pertinent, les méthodes de conception de ces systèmes, les intérêts que sert leur développement, et l’impact de leur usage sur notre société.
Comment fonctionne la systémathèque ?
Chaque étude de système est incarnée par un volume sur la page principale du site, une cartographie divisée en quatre zones colorées. Chacune d’elles correspond à un de mes quatre critères d’étude, proposés et détaillés dans la table d’orientation , accessible au centre de cette cartographie :

La relation entre la forme du système et sa fonction

La relation entre le fournisseur du système et ses usagers

L’effet réseau et la représentation du système

La gouvernance et l’éthique du système
Les 4 zones colorées thématiques de la cartographie

Chaque étude de cas se compose de trois éléments :

Un article d’investigation à la croisée de différentes disciplines, enrichi de liens vers d’autres sources pour approfondir la réflexion et proposant une réflexion ascendante, depuis les usages et implications les plus évidents du système étudié, jusqu’à l’identification de ses enjeux profonds et véritables.

Une interview d’un acteur du système étudié (créateur, concepteur, utilisateur, régulateur, législateur, critique…).

Une bibliographie dédiée, avec trois références commentées de différents niveaux pour vous donner envie d’aller plus loin.
Navigation entre les trois éléments d'une étude de cas
Bonne exploration !

Pour toute question, commentaire ou proposition de collaboration :
martinmoreau95@gmail.com